En me promenant dans le quartier de Montmartre, comme beaucoup, je me suis arrêté devant cette statue assez surprenante : il s'agit d'un homme coincé dans un mur comme cherchant à en sortir.
Cette statue est bizarre. (Ca fait longtemps que je n'emploie plus ce terme bizarre, comme c'est bizarre). Je me suis dit que c'était encore l'œuvre d'un artiste ravagé, qui cherche à exprimer au monde entier les souffrances de son fort l'intérieur, blablabla.
L'artiste c'est Jean Marais. Mince, mon raisonnement ne tient pas. Jean Marais en plus d'être un grand comédien, était une personne bien dans sa peau.
J'ai mené une enquête.
Ou sommes nous ? Place Marcel Aymé ! Bon sang mais c'est bien sûr (encore une référence). Marcel Aymé est un auteur des années 1920. Il a écrit beaucoup de nouvelles, dont une qui nous intéresse plus particulièrement ici : "Le Passe Muraille". Pour aller au bout de mon enquête je me suis procuré le livre et je j'ai lu.
Après avoir lu la nouvelle, je pense avoir "compris" la statue
Dutilleul, le personnage du livre, était "Mister Nobody" (On dit "Monsieur Tout le Monde" en français, mais je préfère la version anglaise, "Monsieur Personne"). Pire un médiocre renfermé dans son caractère et enfermé dans sa vie, dans un bureau, dans un appartement.
Mais il lui arrive quelque chose d'extraordinaire, un pouvoir, qui va transformer sa vie et l'ouvrir au monde, à commencer par les rues de Montmartre.
C'est une maladie !
S'exclama son médecin, car pour un médecin, pour la société en général, être différent, c'est être malade, c'est être un monstre (qui vient du latin "mostrare" montrer du doigt, être différent). Dutilleul est un monstre aux yeux du docteur, il n'est pas comme tout le monde, alors il faut le guerir, le remettre dans le droit chemin, normal. Allez savoir, et si c'était contagieux. Il va identifier la cause du problème et prescrire des médicaments, que Dutilleul ne prendra pas, pas tout de suite.
Qui n'a pas rêvé un jour de traverser les murs ne serait-ce que pour voir ce que font les voisins ? Entrer dans tout ce qui est privé, caché, réservé. Les salles de pouvoir ou les salons intimes ? Et c'est ce que fit Dutilleul. Sa vie, s'en trouva bouleversée. Sa relation aux autres aussi.
Mais comme la médiocrité est le propre de l'homme, il sera rattrapé par elle. Il va finir par subir la vie au lieu d'en profiter. Il va finir par prendre les médocs et s'enfermer de nouveau, dans une nouvelle vie, avec de nouveaux murs et c'est ce que symbolise, à mon avis, cette statue : l'homme qui s'emmure dans des petites vies. Lisez la nouvelles, quelques pages (on peut vous l'envoyer en PDF)
Pl. Marcel Aymé, 75018 Paris
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